Credit photo : Aro encyclopedia.
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Au sein du Bouddhisme Tibétain les Ngakphang ou Ngagphang (Ngagpa au masculin, Ngagma au féminin) sont des pratiquants du Vajrayana qui bien que laïcs consacrent une partie significative de leur vie à la pratique spirituelle, se livrent à des retraites de méditation et aident leur prochain par divers moyen "Magiques" (Médecine Tibétaine, Astrologie, rituels Tantriques, pratiques Chamaniques, exorcismes...).
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Au Tibet et dans les pays environnant se sont perpétuées au cours des siècles des lignées familiales de Ngagphang qui se transmettent le savoir de manière orale. Des communautés
de Ngagphang existent également sous forme de villages composés exclusivement
de familles de Ngagphang , chaque famille ayant souvent un Yidam spécifique.
La communauté des Ngagphang tire son origine du groupe original des 25 premiers disciples de Gourou Rimpotché, à l'origine tout Ngagphang appartenait donc de fait à la lignée Nygmapa mais avec le temps se sont développées des lignées de Ngagphang appartenant également
aux lignées Sakya et Kagyu.
Milarépa (1040-1123), le plus grand Yogi de l'histoire du Tibet, toujours représenté
avec une tenue blanche très simple, il fut le disciple du Ngagpa Marpa.
L'intérieur d'une des grottes où Milarépa méditat.
Empreinte miraculeuse de Milarépa dans la roche !
Sa Sainteté Dilgo Khyentsé Rinpoché en tenue blanche de Yogi.
Le Très Vénérable Ketsum Zangpo Rinpoché, lui aussi tout de blanc vêtu.
Au moment où le Roi Langdharma persécuta les Bouddhistes au Tibet, c'est seulement
grâce à l'existence de la communauté des "Yogi blancs" (Ngagpa) que les enseignements Tantriques de Gourou Rinpoché on put être transmis et conservés.
Il est également à noter qu'en ce moment même au Tibet, ce sont encore une fois
les Ngagphang qui maintiennent vivant les enseignements Tantriques au moyen de la tradition orale au sein des familles, alors que la plupart des monastères du Tibet
ne sont hélas plus que des coquilles vides peuplées de faux-moines.
Un Ngagpa est traditionnellement représenté avec des cheveux longs, souvent coiffés
en chignon, portant une robe blanche et un zen rouge et blanc.
Certaines lignées de Ngagphang transmettent un voeu spécifique se rapportant au fait
de ne jamais couper leurs cheveux, pour d'autres lignées c'est semble t-il sans importance.
On retrouve des Ngagphang non seulement au Tibet mais aussi dans tous les pays d'Asie
où le Bouddhisme Tantrique est pratiqué, et l'on trouve désormais
un petit nombre de Ngagphang occidentaux en Europe.
En parlant de ces derniers, je ne saurais trop recommander la plus grande circonspection
avant de rejoindre certains groupes de "Ngagphang" hautement farfelus,
menés par des "Rinpoché" occidentaux auto-proclamés, se déclarant même Tertöns (découvreur de trésors spirituels cachés) pour faire bonne mesure...
et distribuant à leur disciples des tenues "Tantriques" de carnaval.
On reconnaît un véritable Ngagphang à son sérieux dans sa pratique, le respect des "Samaya" et à sa volonté de faire chaque jours le bien d'autrui (tant par des moyens ordinaires
que par les moyens "habiles" typiques des adeptes du Vajrayana), une tenue "flamboyante"
et une longue chevelure ne suffisent pas...
Une antique prophétie composée par le Roi Tibétain Ralpachen (mort en 838)
semble se rapporter à l'apparition d'ordres de Ngagphang en Occident, en effet dans le Sutra Noir Primordial (Tib :Kun tu bZang po ral pa nag poi mDo) il est dit :
"Dans les temps décadents,
quand les animaux à visage rouge auront ruinés les enseignements du Vajrayana,
ceux qui portent la robe blanche seront bénéfiques pour les êtres.
Il y aura alors besoin de pratiquants à la longue chevelure!
Un corps sans souci, portant une robe blanche et des tresses,
telle sera l'apparence divine des Tul-ku!
Les cheveux long désordonnés,
telle sera l'apparence des Long-ku!
Une vue sans souci de l'esprit pur,
Voici les Chö-ku!
Achevant la perfection des trois sphères dans un seul corps,
Telle est la pratique du Dzogchen!
Un Ngagpa se livrant à un rituel d'offrandes dans le feu.
Dans la vie courante dans l'Himalaya si l'on voit un Ngagpa ou une Ngagma portant la tenue dans la vie de tout les jours, cela signifie que cette personne est un Maître en rituel reconnu et qu'il est capable à la demande de ses visiteurs de se livrer à diverses pratiques
tel que mariage, funérailles, exorcisme et divination.
Les autres adeptes Ngagphang moins avancés ne portent leur tenue
que lors de retraites et cérémonies.
L'un des plus grands Maîtres de notre temps, le Très Vénérable Chatral Rinpoché
portant ici un Zen de Ngagpa pour marquer son statut de Lama ayant une famille.
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Sa Sainteté Dudjom Rinpoché, lui aussi portant un Zen de Ngagpa.
Le Vénérable Ngagpa Dawa Chodak Rinpoché.
Le Très Vénérable Ngagpa Khetsum Zangpo Rinpoché.
Un Ngagphang peut se marier, avoir des enfants (et aussi un travail),
les 253 règles et interdits du Vinaya ne le concernent donc pas.
Mais un Ngagphang est par ailleur tenu au respect d'un grand nombre de Samaya (interdits rituels) subtils et doit consacrer une partie significative de son temps à la pratique spirituelle et aux retraites.
Malgré les apparences la voie des Ngagphang n'est donc pas plus facile à suivre que celle des moines, car si un moine doit tenir ses voeux dans un environnement propice (monastère) où relativement peu de tentations se présentent, un Ngagphang à beaucoup plus de voeux à respecter...dans la vie courante!
Depuis les origines au Tibet les Lama ont toujours montré une grande jalousie
envers les Ngagphang, les repoussant par toute sorte de moyens dans des villages reculés
et leur menant la vie dure en les critiquant de manière souvent injustifiée.
Il ne faut donc pas en vouloir aux Lama occidentaux qui cherchent à interdire toute tenue "religieuse" aux pratiquants laïcs, ils ne font sans le savoir que perpétuer
cette inimitié séculaire envers les Ngagphang....
Certains centres du Dharma vont même jusqu'a édicter des règles
disant que
"le Zen rouge et blanc est réservé aux personnes ayant fait la retraite de 3 ans"...
C'est à dire que à leurs yeux pour "avoir le droit" de porter une tenue de laïc,
il faudrait faire la retraite pour devenir Lama...
Un non sens complet....
Il est d'ailleurs instructif de constater que souvent ce sont les mêmes centres
qui tolèrent de leurs Lama que ceux-ci vivent en couple, mangent de la viande
et boivent de l'alcool, c'est à dire vivent en tenant moins de Samaya que des Ngagphang
tout en portant une tenue de Lama auquel ils n'ont de fait plus droit
car ils ne respectent aucun des voeux du Vinaya !
Le Bouddhisme Tibétain à depuis ses origines toujours eu autant besoin pour prospérer
de la communauté des Lama que de la communauté des pratiquants laïcs Ngagphang,
il est donc pour le moins curieux de voir que "miraculeusement"
une fois arrivée en occident il pourrait vivre et fleurir
sans aucun Ngagphang...
Voir les tenues de Ngagphang.